Albert en Afrique du Sud

J'étais en Afrique du Sud pour enquêter sur le Black Economic Empowerment, une ambitieuse réforme qui a forcé les plus importantes multinationales à partager le quart de leur capital-actions avec les Noirs. Vous pouvez m'écrire (charles-albert.ramsay a transcontinental point ca) ou m'appeler (078-252-6928).

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Emplacement : Montréal, Canada

Economics professor at Kiuna Institution and Dawson College, Quebec, Canada.

vendredi, mars 2

En mal de mots, Bruce me confie son micro


Histoire incroyable, mais vraie.

J'ai fait de la radio ce soir. Oui, oui, j'ai été invité à parler de mon reportage à la radio 702 AM de Joburg. Je pense même qu'un extrait a passé à Highveld Stereo, son cousin FM.

Voici l'histoire.

Ce matin, Ottawa annule mon rendez-vous avec un représentant commercial du consulat canadien à Joburg. Nouvelles directives de Harper: Ottawa décide de tout.

Bref, je me cherche qqchose à faire. J'appelle au bureau de l'agence de presse Bloomberg, où ils ont accès aux fils de presse, pour parler à un collègue. Un dénommé Stewart m'apprend qu'aujourd'hui, vendredi, c'est mort, mort, mort. Moi je voulais de l'action, mais y'en a pas aujourd'hui.

Il me rappelle dans la journée. Il trouvait ça plate pour moi alors il a parlé à des amis de la radio. Ils font une émission sur le monde des affaires à 18h. Bruce Whitfield, l'animateur (voir photo), et Laura Clancy, la réalisatrice, me laissent passer l'heure avec eux dans le studio. C'est pas mal trippant parce que Bruce est un vrai verbomoteur! En plus, il fait plusieurs interviews, autant avec des commentateurs, des collègues journalistes qu'avec un dirigeant d'une grosse compagnie sud-africaine. Au menu, scandale de fonds disparus (allo Norbourg!), assureur en restructuration et transaction BEE lucrative.

Rebref, vers la fin de l'émission, l'ordi central plante royalement. Les jingles sont évaporés dans le néant et Bruce doit remplir le temps mort. D'habitude, la conclusion se fait avec une suite hilarante de montages sonores... Mais là, il faut éviter le 'dead air' et pas question de passer une toune, c'est un TALK show!

Alors je glisse une note à Bruce disant que je veux qu'il m'interview. Il accepte sans broncher et fait même un effort pour prononcer mon nom en français! Il me demande pourquoi diantre les Québécois seraient intéressés par la réforme du BEE...

Je lui réponds qu'au Québec, on pense avoir tout fait pour promouvoir l'émancimation des francophones... Caisse de dépôt, RÉA, Loi 101... Mes lecteurs seront parfaitement intéressés par une réforme qui force les entreprises à décliner 25 % du capital-actions aux Noirs!

«Imagine if you tried this in Quebec. You would force the major Anglo-Canadian companies to have Francophone-Catholic-White-Québécois buy 25 % of their stock ? It would be a huge story!», lui dis-je!

Après mes 90 secondes de gloire, j'ai célébré en mangeant des sushis avec mes nouveaux amis de Joburg!

jeudi, mars 1

Conduire à gauche


Vraiment, conduire à gauche c'est pas très compliqué... Bien sûr, j'ai pris quelques jours pour me pratiquer dans des endroits pas trop stressants comme l'autoroute, les bretelles d'autoroutes et le centre-ville !!!

Non sérieusement, c'était angoissant au début, mais on s'habitue tellement vite. Y'a rien là.

Voici une pic du centre-ville. j'en ai pas encore pris beaucoup de ce quartier parce que franchement, j'ai pas envie. C'est pas l'endroit où on peut se promener avec un appareil de qualité sans se le faire piquer... Alors je shotte de ma voiture!

Sam le recycleur



Encore une histoire de townships. Je suis retourné hier à Orange Farm pour rencontrer Sam. Il s'occupe d'un centre de recyclage. C'est une petite entreprise qui vit avec les moyens du bord. Des subventions ici et là. Les employés ne sont pas salariés, mais ils recoivent un montant d'argent mensuel, un 'stipend' comme disent les anglais.

En fait, l'entreprise roule quand même relativement bien. Chaque jour une douzaine de sacs de vidanges arrivent pleins de plastique, verre, métal et carton. Le centre de tri paie 15 cents (centième de rand) du kilo et peut revendre la matière jusqu'à 30 cents.

Mais ce n'est pas une mine d'or, ni de diamants...

Fait surprenant, Sam a vu Montréal. Avant sa vocation de recyclage, le centre était un jardin communautaire. Et Sam a passé quelques mois au Québec, à suivre des cours de culture biologique chez l'organisme Santropol (lié au bistro de l'ave Saint-Urbain).

Moi qui pensait que le Québec ne s'intéressait pas vraiment à l'Afrique du Sud...

mardi, février 27

Melville, le prochain Plateau?





Vous vous demandez certainement: Après les quartiers Nouveau-Rosemont et Presque-Plateau, quels sont les coins les plus branchés de la planète?????

Je ne suis pas le magazine britannique Wallpaper, mais je peux vous dire que Melville, dans Joburg, a un petit côté friendly qui a bien valu la peine que je m'y installe, bien que pas très longtemps.

Merci a Samuel, le photographe, pour la suggestion. Il m'avait fortement recommandé ce quartier où l'on peut flâner dans les cafés sans avoir peur de se faire voler son téléphone cellulaire.

J'ai mangé du poulet Peri Peri ce soir, dans un resto de cette petite rue qui prend la vedette des trois photos ci-haut. Très bon, c'est comme chez Saint-Hubert, sauf que les frites sont bonnes, les légumes sont variés, et le poulet goûte quelque chose. Ah oui, et au lieu d'une sauce brune, il y a un choix de six sauces exotiques toutes très bonnes.

Finalement, c'est pas du tout comme Saint-Hubert...

Les coombies et les bols de toilettes



Ce matin, le journal Sowetan publie une histoire franchement drôle (http://www.sowetan.co.za/News/Article.aspx?id=396897).

La chroniqueuse de ce quotidien de Soweto, en banlieue de Joburg, a eu vent d'une histoire bizarre. Une des autoroutes a été bloquée hier par une engueulade entre deux groupes de passagers de deux taxis-bus. Voici les détails.

Y'a un gars qui embarque dans un «Coombies» (voir photo). Ce sont des vans Toyota qui prennent une dizaine de passagers et qui s'arrêtent n'importe où et qui conduisent n'importe comment.

Bref, certains des chauffeurs de ces coombies installent une planche entre leur siège de conducteur et le siège du passager, pour faire une place de plus à l'avant. Y'a rien comme la débrouillardise des hommes d'affaires! Ils appellent ça le bol de toilette parce qu'il faut se serrer les fesses pour s'y assoir.

Comme de raison, notre homme est assis sur la bol! Il fait des commentaires désagréables, du genre, on est pas très confortable dans votre coombie, monsieur le chauffeur.

Alors le chauffeur le prend mal et lui ordonne de débarquer.

Notre homme finit donc par embarquer dans un autre coombie pour se rendre au travail.

Pendant sa course, le premier chauffeur aperçoit notre homme dans un autre coombie, sur l'autoroute. En faisant ni une, ni deux, il freine et stationne son véhicule en biais, devant l'autre taxi, pour engueuler son ancien passager!

Les deux hommes se sont chanté la pomme pendant au moins dix minutes. Tous les autres passagers s'attendaient à se faire voler par un coombie plein de mercenaires!

I Love Jozi, comme ils disent...

lundi, février 26

La famille Naidoo-Pagé me reçoit


Grande leçon d'humilité. J'étais très énervé de savoir que Jay Naidoo et sa femme, la journaliste Québécoise Lucie Pagé, me recevaient à souper. Très gentils, ils m'ont fait une place malgré des horaires surchargés et survoltés.

Faut savoir que Jay et Lucie forment le couple sud-africain le plus connu au Québec, (peut-être après l'ancienne union de Winnie et Nelson Mandela). Les livres de Lucie Pagé se vendent comme des petits pains chauds, autant pour leurs informations historiques pointues (elle était correspondante pour SRC pendant 10 ans), que les péripéties émotives de sa famille.

De surcroît, en Afrique du Sud, Jay Naidoo est connu comme Barabas dans la Passion. Partout, des Townships aux quartiers huppés hyper sécurisés, son nom résonne dans les esprits. Ancien militant socialiste, devenu ministre et maintenant capital-risqueur aguerri, il a toujours oeuvré au bien-être du pays.

En revenant à ma chambre, après mon souper très sympathique avec Jay Naidoo et Lucie Pagé, un petit furetage m'apprend que M. Naidoo a été nommé, cet automne, Chevalier de la Légion d'Honneur de la France. Et vlan, l'humilité qui me frappe encore.

Bien sûr, malgré tout le respect que j'ai pour lui, il fallait faire le boulot. J'ai dû faire l'avocat du diable pour savoir si la réforme du Black Economic Empowerment en a valu la peine. (Le BEE force les compagnies a décliner 25 % de leur capital-actions à des investisseurs noirs. C'est la plus ambitieuse réforme de 'déracialisation' de l'économie de l'histoire de l'humanité.)

Bien sûr, il a défendu les mérites du BEE, tout en étant critique des excès qui ont été malheureusement la conséquence d'une planification... disons maladroite. Il est l'un des architectes du BEE, ayant été ministre sans portfolio responsable de la Reconstruction et du Programme de développement, sous Mandela. Et maintenant, il a les deux pieds dedans, étant actionnaire-fondateur du Jay & Jay Group, une firme de capital de risque privée.

Somme toute, il croit que le BEE est nécessaire, mais pas suffisant, pour éliminer les écarts de richesse entre Blancs et Noirs... Plus de détails dans mon reportage dans le Journal Les Affaires (plogue sans vergogne!), à paraître ce printemps.

À Lucie Pagé et Jay Naidoo, merci encore pour votre accueil.

À Kami et Shanti, (les enfants de Pagé et Naidoo) qui ne comprennent pas exactement pourquoi un journaliste viendrait de Montréal pour parler à vos parents, prenez-soin d'eux.

Un Québécois dans les townships


Ironie des ironies, j'ai rencontré un Québécois dans le milieu des townships de Joburg.

Mathieu Rouy, de Montréal. Pis encore, c'est un ami d'un collègue du bureau. Fred, le batteur du groupe André, fais des heures à temps partiel au département du courrier de Transcontinental Médias depuis des lunes.

Avant mon départ, il m'a donné le nom de Mathieu, me disant qu'il faisait un stage avec Alternatives, une ONG de Montréal. Mais sans numéro de cellulaire ou autre moyen de le contacter, j'étais certain que je ne le verrais jamais.

Je n'avais pas fait le lien avec Fred hier, quand j'ai vu Mathieu. Un gars pas mal 'd'adon', comme on dit. C'est seulement en revenant chez moi hier soir, en relisant mes notes, que j'ai vu son nom dans mon carnet.

Ah ben, tabarn... C'était lui! J'étais tombé dessus par pur hasard, en allant voir des amis de Sarah McGregor, une journaliste canadienne qui m'aide dans mes tribulations...

Beau bonhomme en plus, même si pas rasé...

dimanche, février 25

Welcome to the Townships


C'est avec beaucoup de chance que j'ai rencontré Sarah McGregor, journaliste canadienne en poste au bureau de Johannesburg de l'agence de presse britannique Reuters.

Originaire d'Ottawa, elle me fait voir plein de petits coins bien cachés des touristes mais qui doivent être vus pour bien comprendre le pays. Sans mettre ma vie en danger, dois-je bien préciser, nous avons visité un Township cet après-midi, le Orange Farm, à l'Ouest de Joburg.

Contrairement au 'Cantons de l'Est' du Québec, les townships sont des banlieues noires ultra-pauvres qui peuvent ou ne pas avoir l'eau courante et l'électricité. Et quand ils l'ont, c'est qu'ils l'ont (parfois) volé...

Sur la photo, on voit Michael, un représentant syndical dans une des usines de métallurgie du coin. Ces usines emploient une minorité des townshipers, car plus de la moitié des hommes y sont sans emploi.

Michael ne croit pas que la liberté tant vantée depuis 1994 ne se soit concrétisée. Dans certaines entreprises, l'espoir d'obtenir un poste de cadre pour un noir est encore aussi mince qu'au temps de l'apartheid, dit-il.